Episode 3 : L'opération



La CHIP (Chimiothérapie Hyperthermique Intra Péritonéale) c'est un peu une opération et une chimio à la fois. Puisque des cellules tumorales ont envahi le péritoine (sorte de sac qui entoure les intestins) on part du principe (malheureusement vérifié) que se contenter d'enlever la tumeur ne suffit pas. Du coup lors d'une CHIP non seulement on va enlever la tumeur, mais on va aussi regarder partout pour trouver de nouveaux foyers (en sortant tout le bazar...) et on rince à la chimio pour éliminer toutes les cellules qui se baladaient encore sans s'être posées ! C'est extrême mais sur le principe c'est super logique. 




Tout a plutôt mal commencé. Avant l'opération toute l'équipe m'a vanté les mérites de la péridurale à fond, tout le monde venait et me disait que grâce à ça je sentirais rien et qu'il fallait vraiment choisir ça par rapport à la pompe à morphine qui est nulle avec plein d'effets secondaires pourris. Vraiment ils m'ont super bien vendu le truc j'étais super partant et prêt à dire à ma femme que c'est bon l'accouchement en fait ça devait même pas faire mal en fait grâce à la péridurale.

A part qu'au moment de l'opération avant de l'endormir ils ont essayé 7 fois sans y arriver. 7 fois à transpercer ma colonne avec une aiguille, j'en pleurais de douleur, ils m'ont porté jusqu'à la table d'opération je pouvais plus marcher "Pas de chance ! Du coup on va mettre la pompe à morphine avec tous les effets pourris qu'on vous a listé ! :) ". Autant dire que j'avais hâte qu'ils m'endorment complètement…

Au réveil (6h après), pas de réa, pas de masque pour m'aider à respirer, je savais pas trop pourquoi mais en fait c'est juste que j'en avais pas besoin (faut dire que j'étais en super condition physique au moment de l'opération). Par contre cette douleur de fou, impossible de bouger sans avoir le ventre déchiré par la douleur (cicatrice de plus de 50cm faut dire), si jamais j'avais du éternuer je serais tombé dans les pommes je pense. En plus de la cicatrice, une sonde urinaire, un énorme drain à droite de l'abdomen pour vider le reste de chimio, deux drains à gauche pour enlever ce qui suinte/saigne, une voie sur le bras droit, un cathéter sur la main droite, sur la main gauche un dessus, un dessous, un brassard pour la tension, la pompe à morphine, j'étais à moitié machine, manquait que l'anus artificiel (ce qui aurait pu arriver pendant l'opération, petite victoire..)

Mais bon l'opération s'est bien passée, ils ont tout enlevé et rien trouvé d'autre, ce qui est quand meme super chouette. On aurait pu me trouver plein d'autres foyers tumoraux, être obligé de m'enlever plusieurs morceaux d'intestins et me coller un anus artificiel, etc. Bref on a commencé à m'enlever tout ça assez vite, d'ailleurs je suis resté en soins intensifs seulement une journée, très rapide donc. Par conte globalement j'en ai chié, je me rappelle des premiers jours où fallait que les infirmières se mettent à deux pour me retourner pour me laver ou les premières fois où on m'a fait asseoir, j'ai réellement transpiré comme ça je pensais pas que c'était possible.




Bizarrement ce qui fait le plus de dégâts c'est l'anesthésie, 6h endormi ça fait que mes poumons s'étaient ratatinés et que j'avais plus aucun souffle, plus aucun mouvement d'intestin, idem pour la vessie. Au bout de 4 jours on m'a redonné à manger et enlevé la sonde urinaire et là c'était la cata…j'ai pas réussi à pisser assez. Du coup le soir y'a fallu me remettre la sonde en urgence j'ai cru que je devenais fou. Autant la sonde urinaire c'est carrément indolore et on ne la sens pas du tout (enfin tant que t'accroche pas le tuyau dans le montant du lit
), autant quand on te la met réveillé ça te donne envie de pisser un truc de fou, à part que ta vessie est vide donc tu ne peux pas et tu deviens fou ! Jusqu'à ce que je m'endorme avec des cachets je pétais vraiment un câble. Puis le moral est bas, ne pas être capable de pisser tu te sens vraiment moins que rien.


Et le pire ça a été les intestins, en fait ils m'ont redonné à manger et boire, et je ne sais pas si c'était un oubli ou pas mais je n'ai pas eu de médicaments pour réveiller mon transit. Le 2ème jour j'étais pas bien, j'avais des frissons (alors que 37° dans ma chambre) et pas mal de nausées, après c'était très dur de quantifier la douleur et les nausées je savais pas si c'était normal ou pas donc je m'inquiétais pas plus que ça.

Une copine devais passer me voir le soir, vu qu'après quelques anti-nauséeux et anti-douleurs ça allait j'ai pas annulé. En fait quand elle est arrivée je transpirais, j'étais glacé, je tenais pas en place je comprenais à peine ce qu'elle me disait. Quand les infirmières sont venues heureusement qu'elle était là pour leur dire que j'arrivais plus à parler, j'avais de nouveau perdu mon souffle et j'étais en panique totale, j'avais juste l'impression que j'allais mourir là.

Du coup les infirmières savaient pas si j'avais une infection et ont appelé les médecins et heureusement l'assistant du chirurgien était là et à tout de suite compris, en fait mon estomac ne marchait pas, du coup tout ce que je mangeais et buvais, bah ça restait dedans ou presque. Ils m'ont posé en urgence un sonde gastrique pour le vider, ma pote est sortie et c'était le début de l'horreur. Quand ils t'enfilent le truc dans le nez c'est affreux comme sensation, je suppliais les infirmières d'arrêter en pleurant, tout sauf ça quoi. Et puis d'un coup je me suis mis à dégueuler, mais pas un petit peu mais genre comme la scène de la foire dans Stand by me ), y'a a peu près un litre qui est sortit. En fait mon estomac était devenu énorme et écrasait même mes poumons, dès qu'il a été vidé c'était incomparable, je me suis sentit revivre, j'ai même pu discuter tranquilou avec ma pote après (pas sur qu'elle revienne me voir à l’hôpital ceci dit.).


Le lendemain j'ai eu des cachets pour aider mon transit à redémarrer. Lors du tour le chir lors qui balance :

Non mais putain pourquoi il a pas eu ses cachets pour le transit en début de semaine lui ! 
A ce moment là les internes évitaient bien mon regard je crois
Mais bon avec le traitement correct en effet le transit a vite repris et j'ai récupéré assez pour sortir quelques jours plus tard, assez rapidement pour ce type d'opération.

Enfin voilà, c'était vraiment une opération lourde et je me demande comment font les personnes plus âgées ou plus faibles physiquement parce que j'en ai quand même vraiment chié un max... A coté de ces péripéties le personnel médical était quand même au top


Je me suis remis tout doucement pendant l'été, avec des examens un mois plus tard montrant que tout allait bien et que l'opération à (pur l'instant) été efficace. Pas facile quand même, faut jongler avec les douleurs (faibles mais qui persistent) et bien sur avec la peur de la récidive puisque tu sais que t'es pas tiré d'affaire. D'ailleurs je me suis même inscrit à un groupe de parole à la Ligue et ça pourrait mériter un autre pavé facilement (un indice c'est pas vraiment comme dans Fight Club ou Nos étoiles contraires).

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