Episode 7 : premier O.W.L.

Un mois que le traitement est terminé. Mes cheveux repoussent doucement, aussi doux et soyeux que ceux d'un bébé (tellement que je suis obligé de continuer à les raser en fait) et ma peau a perdu son aspect parcheminé.
Du coup je vais rentrer dans la routine avec des examens réguliers pour savoir si les petites cellules tumorales sont toujours portées disparues ou si elles font leur come-back...
(pour ceux qui comprennent pas les O.W.L.s c'est le nom des examens dans Harry Potter, vous comprenez pourquoi je tiens un blog sur ma vie plutôt que de littérature).


C'est pas plus beau...



Donc me voilà, un mois après la fin du traitement, premier scanner. Comme toujours c'est hyper stressant, voir encore plus maintenant que je retrouve un peu une vie normale et que je peux redécouvrir les poils qui grattent et le vrai goût des aliments. 

Parce que bon ces exams vont devenir une routine pour moi et mes proches, n'empêche qu'en 30 minutes tout peut basculer à nouveau... Un truc louche au scanner ça signifierai retour au bloc pour enlever ce qui est apparu, chimio, peut-être radio thérapie. Voir pire, parce qu’il est bien possible qu'un jour ce ne soit pas juste une boule qui apparaisse quelque part mais un tas de boules, ou des très mal situées le tout signifiant que ça va être bien plus compliqué que ça ne l'a été jusqu'à présent.

Bref, c'est pas le genre d'examen auquel on va serein. Tu pévois rien dans l'agenda les jours suivants et la veille t'es grognon comme une veille de rentrée des classes, limite t'as envie d'annuler pour pas savoir et puis merde quoi. Bien sur d'un autre coté un examen qui ne révèle rien c'est la fête...

Et puis ça replonge dans le milieu médical que j'avais très vite oublié. Une piqûre au labo pour doser la créatinine, un tour à la pharmacie pour acheter du produit de contraste (heureusement c'est toujours la petite pharmacienne qui s'occupe de moi ), et le retour au Centre pour l'examen en lui même.


Ça donne un peu l'impression de replonger. Un mois seulement que j'ai quitté les lieux mais j'avais déjà oublié cette odeur d’hôpital et c'est pas tellement agréable de retrouver tout ça (même si encore une fois le CLB c'est le bien !). 

J'arrive là bas avec une grosse boule de stress dans le ventre, limite tu te demande si on la verra au scanner. Après un peu d’attente j'entre dans la salle où on me pose le cathéter et je suis accueillit par un jeune barbu aux cheveux longs habillé en blanc...

Jesus de Nazareth qui me demande de baisser mon pantalon, le truc trop rassurant. Bon, il était très sympa ce jeune barbu chevelu mais ça fait limite caméra cachée de prendre un sosie de Jesus pour accueillir des cancéreux quand même.

Le scan en lui même est assez rapide, moins de dix minutes entre le moment où on nous pique et la fin. Une fois le cathéter posé on s'allonge dans la machine le pantalon sur les genoux (même pas besoin d'enlever son tshirt). On retient sa respiration 10 secondes, ça fait vroom vroom, on nous injecte le produit de contraste qui donne chaud à la gorge et toujours la désagréable impression qu'on s'est pissé dessus quand la chaleur arrive dans la vessie. Nouvelle inspiration pour le deuxième passage et c'est fini. 

Lorsqu'on est allongé dans l'appareil le temps passe quand même beaucoup plus lentement et j'ai eu le temps de regarder chaque dalle du faux plafond pour voir si elles étaient correctement emboîtées. Puis on guette chaque signe, combien de temps ils mettent à venir nous chercher, ou la façon qu'ont les assistants de nous parler après l'exam, comme si ils avaient pu voir quelque chose pendant l'exam.
On les imagine un peu comme ça devant l'écran
Alors qu'en pratique y'a juste un technicien et que le médecin ne regarde les images qu'après compilation. 

Ensuite retour en salle d'attente avec le cathéter dans le bras en attendant que les résultats soient analysés (pour pas avoir à nous repiquer si les images sont moches et qu'il faut repasser au four).

Là tu sais que le médecin lit ton scanner et forcément ça te paraît long (entre vingt et trente minutes quand même). Tu flippe en te disant que si ça met plus de temps que la dernière fois c'est qu'il a vu un truc et analyse, alors que si ça se trouve il est juste en train de fumer une clope ou draguer une aide soignante (ou le mec qui ressemble à Jesus ).


En fait rien ne nous oblige à rester pour avoir des résultats par le radiologue, on a le choix d'attendre le rendez-vous avec le cancéro qui est généralement assez rapide (voir dans l'heure suivante). Personnellement je préfère savoir tout de suite, non seulement tu brûle d'envie d'en finir mais aussi pour avoir l'avis du radiologue, car cela constitue toujours un deuxième avis par rapport à celui de l'oncologue qui se contentera de relire les conclusions.

Au bout de 20-30 minutes on nous dépique dans une pièce à part et on attend le médecin. Autant dire qu'à ce moment là on est au bord de l'implosion. Quand le médecin arrive direct tu regarde son visage pour voir si il va t'annoncer une bonne ou mauvaise nouvelle, heureusement ce coup-ci la radiologue a pas traîné :
-Bonjour, c'est bon j'ai rien vu !


Lors d'un scanner précédent je me rappelle que le médecin voulait faire un peu la causette avant, genre à me demander comment je me sentais, c'était pas franchement une bonne idée !



Du coup enfin un été un peu tranquille, le dernier était y'a trois ans ! Je peux manger, reprendre des forces, aller au soleil, me baigner... Jusqu'au prochain examen mi octobre j'essaie donc d'en profiter au maximum, voyages, hôtel de luxe, amis et même plaisirs coupables avec salon du jeu vidéo en Allemagne (genre jamais en temps normal t'irais dépenser autant pour un truc pareil) et  réalité virtuelle... 
J'ai dépensé sans compter !

Forcément d'un point de vue exterieur tout roule : j'ai fini le traitement, je retrouve la forme, fait plein de trucs... En pratique je ne suis pas tellement plus avancé que lorsqu'on m'a opéré l'année dernière. Si un an après l'arrêt de la chimio il n'y a toujours aucune trace de cancer je pourrais peut-être envisager potentiellement de m'en débarrasser mais ce n'est pas d'actualité (et même là faudra du temps avant qu'une banque ne me prête des sous ! ).

Ah oui et si le prochain exam est bon va aussi falloir songer à reprendre le travail... 

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